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Interview avec Lilyan Kesteloot de passage à Nouakchott
« L’homme n’est pas fait que de besoins, de nécessités économiques. Il a aussi des besoins spirituels »
« L’un de mes étudiants Sénégalais avait fait une thèse, sous ma direction portant sur l’épopée de Henoun, ce guerrier maure, noble, courageux, héroïque, mortel pour ses ennemis, mais qui est en même temps très généreux et dont la valeur première, est l’honneur ».
Invitée par le CENTRE CULTUREL FRANCAIS dans le cadre de la manifestation culturelle « Lire en Fête », Lilyan KESTELOOT a présenté une conférence sur l’un des grands auteurs de la littérature africaine : Amadou Hampâté Bâ .
Lilyan KESTELOOT a fait découvrir, en pionnier la richesse de la Littérature Négro-africaine par sa fameuse » Anthologie africaine qui devient un classique de référence.
On doit à Lilyan KESTELOOT nombre d’ouvrages et d’articles sur Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, les épopées de l’Ouest africain, les mythes et contes wolofs, etc. La Lettre Pédagogique l’a rencontrée . Elle a accepté de répondre avec disponibilité et aimabilité à ses questions .
La Lettre Pedagogique : Quelles sont vos domaines d’activité au Sénégal?
- Lilyan KESTELOOTK. Je donne des cours à la Faculté de Lettres où j’enseigne un cours sur la méthodologie de la recherche en littérature orale. On y apprend à travailler sur le conte, sur l’épopée et sur le mythe avec les étudiants en licence. Je leur apprends comment traiter les textes. Ce qui m’a fait un grand plaisir, c’est les efforts fournis dans ce domaine au niveau de recherche en Thèse de Doctorat avec des analyses très approfondies.
LP:Quels sont les domaines d’application de ces recherches?
Lilyan KESTELOOTL.K. Parfois les étudiants analysaient le rapport de l’épopée avec l’histoire, avec la société, avec la religion,avec l’économie et même la politique.
Ceux qui enseignent actuellement, dans la section lettres orales, à la faculté de Lettres sont généralement mes élèves.
L.P. Avez-vous déjà fait des recherches sur la littérature orale Mauritanienne?
Lilyan KESTELOOT
Malheureusement non. Cependant l’un de mes étudiants Sénégalais avait fait une thèse, sous ma direction portant sur l’épopée de Henoun, ce guerrier maure, noble, courageux, héroïque, mortel pour ses ennemis, mais qui est en même temps très généreux et dont la valeur première, est l’honneur.Cette épopée est contée dans le milieu traditionnel wolof.
L.P. Madame, dans un monde en profonde
mutation, caractérisé par la science et la technologie, pensez-vous que la littérature a encore sa place?
Lilyan KESTELOOT La littérature transporte les idées comme la philosophie. C’est non seulement l’une des dimensions de la connaissance,mais c’est la plus profonde et la plus ancienne. La télévision peut transmettre des ordres ou des cotations en bourse,tandis que la littérature, elle transporte des idées complexes et l’homme n’est pas fait que de besoins, de nécessités économiques. Il a aussi des besoins spirituels et je ne vois pas en dehors de la littérature comment il peut les satisfaire. C’est pour cela que nos sociétés traditionnelles en l’absence de support écrit, ont crée la littérature orale. Cela prouve que c’est une nécessité.La littérature n’a pas de frontière. comme le confirme l’étudiant Wolof qui parle de l’épopée de Henoun.
L.P. Quel est votre statut aujourd’hui?
Lilyan KESTELOOTL.K. : Depuis que mon contrat avec la coopération a été résilié, je suis en contrat local à Dakar où je travaille depuis 20 ans. En 1975 j’ai fondé à l’IFAN un laboratoire sur demande de Senghor. Ce laboratoire est spécialisé dans les recherches dans les domaines de traditions orales et des archives orales.
L.P. Qu’est ce qui vous a frappé le plus durant votre séjour à Nouakchott ?
- Lilyan KESTELOOT. J’ai apprécié l’attention et la passion pour le savoir des étudiants et la courtoisie des professeurs.
Lilyan Kesteloot a lu et apprécié la Lettre Pédagogique et nous a écrit une aimable note que nous publions ci-joint:
» Je salue cette initiative courageuse de la Lettre Pédagogique qui sera, je l’espère vouée à un bon avenir. Cela peut être un instrument de liaison entre les enseignants, les parents d’élèves et les élèves, les trois composantes du système éducatif . Cette entreprise originale et privée mérite l’attention et le soutiende tous ceux qui ont à cœur le développement culturel qui, selon Senghor, doit être la finalité du développement économique . »
Lilyan KESTELOOT BP :206 à l’IFAN de l’Université de Dakar