JE VOUDRAIS ETRE UNE PETITE VIS
Si chacun de nous pouvait s’acquitter convenablement et avec conscience de sa tâche à la manière de cette petite vis du poète chinois Mou Jen, les choses iraient mieux.
Que l’on me mette où l’on voudra et qu’on me serre fort.
Peu importe que ce soit sur le levier d’une grue puissante
Ou sur le plus simple des rouages.
Mettez-moi là et serrez-moi fort.
Là, le cœur tranquille, je
demeurerai ferme.
Peut-être les gens ignoreront- ils mon existence,
Mais moi je sais que vibrer dans le halètement
d’une grosse machine
Est la vie d’une petite vis.
Bien que je ne puisse être une seule machine,
Bien que je ne puisse rien faire seule,
Je puis quand même servir la patrie et le peuple.
Je sais que si je demeure à
l’écart, je ne serai bientôt
Qu’un morceau de fer rouillé et rien d’autre.
Je voudrais être une petite vis,
Que l’on me mette où l’on voudra et qu’on me serre fort.
Je serai pleinement heureuse et, dans le chœur héroïque,
Je tressaillirai en entendant ma voix ardente
MOU JEN, texte cité dans Aspects de la Chine
Tome III, Paris , P.U.F. 1962, PP 616-617