Première Pénétration coloniale en Mauritanie 1443
Farouche détermination des nationaux à garder leur liberté et leur religion
Les premiers européens à entrer en contact avec les mauritaniens à partir de la côte atlantique furent les Portugais. ….. En 1443, Nuno Tristao double le Cap Blanc et découvre Arguin. ils auraient atteint Ouadane.
En 1446, les Portugais acceptent de laisser un otage : un certain Joao Fernandez. Lisez la suite…
Il est un aspect souvent sacrifié de la résistance à la pénétration coloniale en Mauritanie : l’ère de la traite atlantique où les puissances européennes (Portugal, Hollande, Prusse, France, Angleterre) tentent d’établir des zones d’influences dans le territoire de la Mauritanie, en vue de développer à leur profit les échanges commerciaux avec les populations. Les relations entre les européens et ces dernières puissances ne furent pas toujours pacifiques. Elles se caractérisent surtout par la farouche détermination des nationaux à garder leur liberté et leur religion, tout en tirant profit du commerce européen.
Les premiers européens à entrer en contact avec les mauritaniens à partir de la côte atlantique furent les Portugais. ….. Découvrir une nouvelle route (maritime) des Indes qui ne soit pas contrôlée par les peuples du Moyen-Orient, détourner vers les côtes le flux commercial du Soudan semblent être quelques uns des buts des nouveaux « maîtres des mers ».
En 1443, Nuno Tristao double le Cap Blanc et découvre Arguin. L’île de Tidra est reconnue peu après et les Portugais qui y font 200 prisonniers. Poussant vers l’intérieur des terres, ils auraient atteint Ouadane, situé sur la route occidentale transsaharienne, où ils tentèrent vainement d’établir un comptoir, dans le but évident de détourner à leur profit les caravanes transportant les richesses du Soudan vers la Méditerranée.
Voyant tous les avantages qu’ils pouvaient tirer de relations commerciales suivies avec les Maures qui peuplaient les régions parcourues, les Portugais construisent un château fort dans l’île d’Arguin, très proche de la terre ferme.
Au début, les rapports mauritano-portugais furent difficiles, voire même hostiles. Les Portugais n’étaient, au départ, intéressés que par le nombre de mauritaniens isolés qu’ils pouvaient razzier et ramener sur leurs navires. En 1444, une flottille portugaise se rendit à Arguin et s’empara de 165 victimes entre hommes, femmes et enfants.
Ayant rapidement compris les intentions des Européens, les Mauritaniens de la côte ne tardèrent pas à réagir. En 1445, un navire négrier portugais, conduit par Gonzalo de Cintra ayant échoué sur un banc de sable dans une baie, est attaqué par les habitants de la côte qui en massacrent tout l’équipage.
Un Portugais otage des Maures. « Duplicité des marins portugais »
Pour endormir la méfiance des Mauritaniens l’Infant Henri Le Navigateur, souverain du Portugal, ordonna l’année suivante à Autao Conçalves de conduire une expédition formée de plusieurs caravelles sur les côtes mauritaniennes « pour faire la paix avec les Maures », nouer avec eux des relations commerciales et essayer de les convertir. Les propositions portugaises sont rejetées mais malgré leur insistance, les Maures acceptent d’envoyer l’un d’entre eux pour aller rencontrer le Roi du Portugal, Henri, après que les Portugais eux-mêmes, aient accepté de laisser un otage : un certain Joao Fernandez.
En 1446, ce dernier est recueilli au niveau d’Arguin par des caravelles. Il prétendit avoir atteint Ouadane qu’il décrivait comme une région déshéritée où ne poussaient que des « figuiers d’enfer » (palmiers?).
Fernandez ternit si bien l’image des habitants et minimisa les possibilités d’échanges commerciaux que les Portugais décident de suspendre leurs projets commerciaux et de reprendre leurs razzias esclavagistes.
Goncalo Pachéco conduit trois caravelles à Arguin. Rejoint par neufs autres vaisseaux de la flotte de Madère, il s’attaque aux Maures qui résistent d’abord avant de battre en retraite abandonnant une cinquantaine de prisonniers « Alléebés ». Les Portugais longent la côte, faisant encore quelques captifs. Les Mauritaniens leur tuent sept personnes
La même attitude hostile aurait valu, à l’établissement commercial installé à Ouadane sous les ordres de Jean II de Portugal en 1487, une existence éphémère.
Y a-t-il eu d’autres établissements portugais en Mauritanie en dehors d’Arguin et de l’hypothétique Ouadane ? Affirmatif, nous dit le commandant Gillier (« La pénération en Mauritanie », 1926, pp. 20-21) qui leur attribue (à tort?) les ruines de la forteresse almoravide d’Azougui.
Toujours est-il qu’après un siècle et demi de contacts (1430-1580), les Portugais n’avaient pu s’établir que sur le minuscule îlot d’Arguin, et encore, avec l’accord des habitants de la côte et des régions avoisinantes, qui escomptaient bien tirer profit du commerce portugais et en éviter les aspects qui leur sont préjudiciables : les razzias d’hommes.
« Rivalités européennes sur la côte atlantique mauritanienne. Motif : le commerce de la gomme »
Lorsque Philippe II vainquit Don Antoine de Crato, les territoires portugais devinrent espagnols en 1580 .Ces derniers héritèrent d’Arguin mais ils en furent dépouillés en 1638 par les Hollandais qui avaient pour but d’y attirer la traite de la gomme mauritanienne, au détriment de la Compagnie du Sénégal (société commerciale française). En 1665, les Anglais s’emparent à leur tour de ce comptoir, devenu grâce aux Hollandais un des points d’attraction de la gomme. (A suivre)
Par Abdellahi Fall